Un article dans la République des Lettres
20 novembre 06 - la République des Lettres
Vent de révolte à L'Ecole Normale Supérieure qui proteste contre les méthodes de la directrice, Monique Canto-Sperber.
Depuis quelques jours l'École Normale Supérieure (ENS) de Paris compte dans son secteur Lettres et Sciences humaines une quinzaine de directeurs de département ou d'études en moins. Jean-Loup Bourget (Histoire et théorie des arts), Michèle Ghil (Langues et cultures d'ailleurs), Jean-Louis Halpérin (Sciences sociales), Claude Kergomard (Géographie), François Menant
(Histoire), Michel Murat (Littérature et langages), Gilles Pécout (Histoire), Elisabeth Pacherie (Etudes cognitives), Vincent Duclert (Histoire et civilisations de l'Europe), Francis Wolff (Philosophie), Jean-Paul Thuillier (Sciences de l'Antiquité), Laure Léveillé (directrice de
la Bibliothèque des Lettres), Houda Ayoub, Déborah Levy-Bertherat, Nadeije Laneyrie-Dagen, Mathilde Mahé et Paul Clavier, ont ainsi démissionné collectivement le 13 novembre pour protester contre les méthodes la Directrice de l'établissement, Monique Canto-Sperber. La plupart des autres enseignants et des élèves soutiennent cette action totalement inédite à Normale Sup.
Nommée en novembre 2005 par Jacques Chirac, Monique Canto-Sperber est contestée depuis son entrée en fonction à la tête du prestigieux établissement de la rue d'Ulm. Les enseignants-chercheurs des unités de formation et de recherche lui reprochent sa gestion chaotique et autocratique. Dans un communiqué daté du 16 novembre ils indiquent qu'elle ne cesse de "multiplier les initiatives personnelles" et que "les décisions sont prises sans concertation préalable, souvent sans connaissance approfondie des dossiers". Ils soulignent que le malaise s'est aggravé au cours des dernières semaines, en particulier au sein des départements littéraires dont les responsables ne sont pas informés, ou désavoués lorsqu'ils sont consultés, sur nombre d'orientations importantes qui les concernent directement. Sont cités entre autres l'instauration autoritaire de droits d'inscription élevés pour les élèves dans les bibliothèques littéraires, les modalités d'application du nouveau diplôme ENS, les pressions sur la commission chargée du recrutement des nouveaux enseignants, l'échec du rapprochement des concours littéraires des ENS de Paris et de Lyon ou encore la politique générale des classes préparatoires littéraires (Hypokhâgnes et Khâgnes) et des concours d'entrée à Normale Sup. Les démissionnaires estiment qu'ils ne sont plus en mesure de travailler sereinement et en confiance avec Monique Canto-Sperber qui porte seule "la responsabilité des dysfonctionnements".
Une AG tenue vendredi 17 novembre et rassemblant quelque 92 personnes -- enseignants et représentants des élèves -- a voté 3 motions portant
1) sur l'annulation des décisions prises lors Conseil d'Administration du 16 octobre 2006 (dont celle sur les droits d'inscription à la bibliothèque qui a déclenché le mouvement);
2) sur le soutien aux démissionnaires ;
3) sur la défiance envers Monique Canto-Sperber à qui l'on reproche, outre son autoritarisme et son interventionnisme, son inexpérience et son incompétence pour diriger l'ENS, ce d'autant plus qu'elle est par ailleurs engagée dans de multiples activités extérieures qui ont plus à voir avec son ambition personnelle qu'avec une saine gestion de l'établissement.
Monique Canto-Sperber est née en 1954 en Algérie mais vit en France depuis son enfance. Après des études à l'École Normale Supérieure de jeunes filles, elle passe un doctorat puis devient agrégée de philosophie. Elle se spécialise dans les questions de philosophie morale et politique tout en traduisant les dialogues de Platon. La plupart de ses ouvrages de philosophie politique prônent un très confus "social-libéralisme", ou "démocratie sociale de marché", inspiré de Platon et Hobbes et dont l'objectif est d'associer un "socialisme rénové" et un libéralisme économique, un peu à la manière de "la troisième voie" de Tony Blair. En France, ce courant social-libéral de Centre-droit est en partie représenté par Jean-Marie Bockel.
Directrice de recherche au CNRS avant d'être nommée en novembre 2005 Directrice de l'École Normale Supérieure, Monique Canto-Sperber est aussi professeur d'Éthique à l'École Polytechnique, directrice d'études à l'École des Hautes Etudes en Sciences Sociales (EHESS) et animatrice de deux émissions culturelles hebdomadaires: l'une, Questions d'éthique sur France-Culture et l'autre, Bibliothèque Médicis avec Jean-Pierre Elkabbach sur la chaîne Public Sénat, où elle exprime souvent des opinions ultra-libérales, atlantistes, sionistes et un tantinet
sarkozistes. Membre du Comité National d'Éthique, elle est également très active au sein de divers think-tanks comme "À gauche en Europe" de Dominique Strauss-Kahn ou la "Fondation pour l'Innovation Politique" de Jérôme Monod, président du Groupe Suez et proche conseiller de Jacques Chirac. Elle compte de nombreux amis à Droite et publie régulièrement des tribunes dans Le Figaro. Elle dirige aux éditions des Presses Universitaires de France (PUF) les collections Ethique et philosophie morale et Questions d'éthique ainsi que le Dictionnaire d'éthique et de philosophie morale (Puf, 3e éd. 2001).
Elle est l'auteur notamment de Philosophie grecque (Puf, 1997), Éthiques grecques (Puf, 2001), L'Inquiétude morale et la vie humaine (Puf, 2001), Les Règles de la liberté (Plon, 2003), Le socialisme libéral: une anthologie (avec Nadia Urbinati, Esprit, 2003), La Philosophie morale (avec Ruwen Ogien, Puf Que sais-je ?, 2004), Le Bien, la Guerre et la Terreur (éditions Plon, 2005) et Faut-il sauver le libéralisme? (avec Nicolas Tenzer, éditions Grasset, 2006).
Vent de révolte à L'Ecole Normale Supérieure qui proteste contre les méthodes de la directrice, Monique Canto-Sperber.
Depuis quelques jours l'École Normale Supérieure (ENS) de Paris compte dans son secteur Lettres et Sciences humaines une quinzaine de directeurs de département ou d'études en moins. Jean-Loup Bourget (Histoire et théorie des arts), Michèle Ghil (Langues et cultures d'ailleurs), Jean-Louis Halpérin (Sciences sociales), Claude Kergomard (Géographie), François Menant
(Histoire), Michel Murat (Littérature et langages), Gilles Pécout (Histoire), Elisabeth Pacherie (Etudes cognitives), Vincent Duclert (Histoire et civilisations de l'Europe), Francis Wolff (Philosophie), Jean-Paul Thuillier (Sciences de l'Antiquité), Laure Léveillé (directrice de
la Bibliothèque des Lettres), Houda Ayoub, Déborah Levy-Bertherat, Nadeije Laneyrie-Dagen, Mathilde Mahé et Paul Clavier, ont ainsi démissionné collectivement le 13 novembre pour protester contre les méthodes la Directrice de l'établissement, Monique Canto-Sperber. La plupart des autres enseignants et des élèves soutiennent cette action totalement inédite à Normale Sup.
Nommée en novembre 2005 par Jacques Chirac, Monique Canto-Sperber est contestée depuis son entrée en fonction à la tête du prestigieux établissement de la rue d'Ulm. Les enseignants-chercheurs des unités de formation et de recherche lui reprochent sa gestion chaotique et autocratique. Dans un communiqué daté du 16 novembre ils indiquent qu'elle ne cesse de "multiplier les initiatives personnelles" et que "les décisions sont prises sans concertation préalable, souvent sans connaissance approfondie des dossiers". Ils soulignent que le malaise s'est aggravé au cours des dernières semaines, en particulier au sein des départements littéraires dont les responsables ne sont pas informés, ou désavoués lorsqu'ils sont consultés, sur nombre d'orientations importantes qui les concernent directement. Sont cités entre autres l'instauration autoritaire de droits d'inscription élevés pour les élèves dans les bibliothèques littéraires, les modalités d'application du nouveau diplôme ENS, les pressions sur la commission chargée du recrutement des nouveaux enseignants, l'échec du rapprochement des concours littéraires des ENS de Paris et de Lyon ou encore la politique générale des classes préparatoires littéraires (Hypokhâgnes et Khâgnes) et des concours d'entrée à Normale Sup. Les démissionnaires estiment qu'ils ne sont plus en mesure de travailler sereinement et en confiance avec Monique Canto-Sperber qui porte seule "la responsabilité des dysfonctionnements".
Une AG tenue vendredi 17 novembre et rassemblant quelque 92 personnes -- enseignants et représentants des élèves -- a voté 3 motions portant
1) sur l'annulation des décisions prises lors Conseil d'Administration du 16 octobre 2006 (dont celle sur les droits d'inscription à la bibliothèque qui a déclenché le mouvement);
2) sur le soutien aux démissionnaires ;
3) sur la défiance envers Monique Canto-Sperber à qui l'on reproche, outre son autoritarisme et son interventionnisme, son inexpérience et son incompétence pour diriger l'ENS, ce d'autant plus qu'elle est par ailleurs engagée dans de multiples activités extérieures qui ont plus à voir avec son ambition personnelle qu'avec une saine gestion de l'établissement.
Monique Canto-Sperber est née en 1954 en Algérie mais vit en France depuis son enfance. Après des études à l'École Normale Supérieure de jeunes filles, elle passe un doctorat puis devient agrégée de philosophie. Elle se spécialise dans les questions de philosophie morale et politique tout en traduisant les dialogues de Platon. La plupart de ses ouvrages de philosophie politique prônent un très confus "social-libéralisme", ou "démocratie sociale de marché", inspiré de Platon et Hobbes et dont l'objectif est d'associer un "socialisme rénové" et un libéralisme économique, un peu à la manière de "la troisième voie" de Tony Blair. En France, ce courant social-libéral de Centre-droit est en partie représenté par Jean-Marie Bockel.
Directrice de recherche au CNRS avant d'être nommée en novembre 2005 Directrice de l'École Normale Supérieure, Monique Canto-Sperber est aussi professeur d'Éthique à l'École Polytechnique, directrice d'études à l'École des Hautes Etudes en Sciences Sociales (EHESS) et animatrice de deux émissions culturelles hebdomadaires: l'une, Questions d'éthique sur France-Culture et l'autre, Bibliothèque Médicis avec Jean-Pierre Elkabbach sur la chaîne Public Sénat, où elle exprime souvent des opinions ultra-libérales, atlantistes, sionistes et un tantinet
sarkozistes. Membre du Comité National d'Éthique, elle est également très active au sein de divers think-tanks comme "À gauche en Europe" de Dominique Strauss-Kahn ou la "Fondation pour l'Innovation Politique" de Jérôme Monod, président du Groupe Suez et proche conseiller de Jacques Chirac. Elle compte de nombreux amis à Droite et publie régulièrement des tribunes dans Le Figaro. Elle dirige aux éditions des Presses Universitaires de France (PUF) les collections Ethique et philosophie morale et Questions d'éthique ainsi que le Dictionnaire d'éthique et de philosophie morale (Puf, 3e éd. 2001).
Elle est l'auteur notamment de Philosophie grecque (Puf, 1997), Éthiques grecques (Puf, 2001), L'Inquiétude morale et la vie humaine (Puf, 2001), Les Règles de la liberté (Plon, 2003), Le socialisme libéral: une anthologie (avec Nadia Urbinati, Esprit, 2003), La Philosophie morale (avec Ruwen Ogien, Puf Que sais-je ?, 2004), Le Bien, la Guerre et la Terreur (éditions Plon, 2005) et Faut-il sauver le libéralisme? (avec Nicolas Tenzer, éditions Grasset, 2006).