Lettre ouverte des directeurs des départements littéraires
Madame la Directrice, chère collègue,
En tant que directeurs des départements littéraires, il nous semble nécessaire de nous exprimer collectivement sur le malaise profond que nous ressentons depuis plusieurs mois et en particulier sur le trouble qui agite la communauté normalienne depuis le Conseil d’administration du16 octobre et la réunion du 26 octobre au ministère sur le concoursd’entrée.
L’accent que vous avez souhaité mettre sur le rôle du directeur de département, et qui témoigne de la confiance que vous placez en nous,nous honore, mais ne nous permet pas de rester silencieux dans ces circonstances : avec toute la réserve qu’impliquent nos fonctions, nous souhaitons manifester notre préoccupation devant certaines de vos pratiques de gouvernement, et devant l’insuffisance de toute concertation préalable sur les questions qui affectent la vie de notre Ecole et son image à l’extérieur.
Les derniers faits auxquels nous nous référons sont :
- Le vote par le Conseil d’Administration des tarifs de bibliothèque acquis à une voix de majorité et que, selon votre propre expression, vous avez « emporté à la hussarde », formule belliqueuse qui convientbien peu aux rapports entre universitaires et entre camarades normaliens : sommes-nous donc des ennemis ? A l’assemblée des enseignants littéraires du lundi 30 octobre, vous avez expliqué ce vote précipité parl’incapacité du président du CA à respecter l’horaire, mais vous n’avez pasajouté que le projet de texte n’avait été communiqué aux membres du conseil qu’en début de séance, en contravention avec les règles en vigueur. Or cetexte est fort éloigné des dispositions auxquelles était parvenu en maidernier le groupe de travail animé par la directrice des bibliothèques et composé de membres élus du CA et de bibliothécaires. Les tarifs sont considérablement majorés ; s’il vous était apparu nécessaire de les modifier en fonction d’arbitrages budgétaires, il était d’autant plus important d’effectuer ce travail en collaboration avec l’ensemble des personnes qui avaient préparé ces dispositions. Par ailleurs, vous aviez été mise en garde contre les réactions extrêmement vives que nemanquerait pas de susciter de la part de tous les lecteurs une mesure aussi mal préparée et adoptée dans des conditions aussi précaires. Nous nous permettons de vous rappeler que vous avez vous-même proclamé naguèreque « les Conseils ne devaient pas être de simples chambres d’enregistrement».
- Le vote par le même CA des modalités d’application du diplôme avait certes été préparé par un dialogue épistolaire fourni des enseignants littéraires à l’initiative de Jean Hare, directeur des études scientifiques. Cette démarche, exemplaire par le souci d’explication et la volonté de concertation, avait permis de dégager un consensus sur un ensemble de points importants ; il n’en a été nullement tenu compte dans le texte soumis au vote du CA, pas même sous la forme d’amendements. Les directeurs de départements et des études vont devoir appliquer des mesures avec lesquelles ils sont en profond désaccord, sans même avoir la consolation de se dire qu’elles ont été finalement décidées après un examen réel et équitable de leurs positions. A quoi bon alors avoirpris à cœur d’exprimer nos préoccupations et de chercher des aménagementsaux modalités d’application du diplôme ? Quant à l’obligation imposée aux élèves de s’inscrire au diplôme — avec un volet financier auquelleurs représentants sont particulièrement sensibles, et sur lequel ils n’ont obtenu aucune satisfaction — elle contredit formellement les engagements pris par le passé ; les élèves se sentent floués dans cetteaffaire, et on ne peut pas leur donner tort.
- Le désaveu inattendu et brutal, le 26 octobre, devant un membre du cabinet du ministre et devant nos collègues de l’ENS LSH, des groupesde travail pourtant expressément mandatés par la direction de l’Ecole :ils étaient chargés de négocier des banques d’épreuves communes auconcours AL, comme il en existe au concours BL, afin de favoriser une diversification des débouchés des classes préparatoires littéraireset de parvenir enfin à une « hypokhâgne indifférenciée », crucialepour l’avenir de notre Ecole et vivement souhaitée par l’ensemble des parties concernées. Votre position publique, visiblement peu instruite de la complexité du dossier, a dangereusement compromis ces négociations commencées de longue date et sur le point d’aboutir.
- La convocation d’urgence d’une réunion à l’Ecole, le 30octobre, sans ordre du jour, au cours de laquelle ont été mis en cause publiquementet sans préavis deux de nos collègues, Gilles Pécout et Francis Wolff, respectivement membres des groupes d’histoire et de philosophie : vous n’avez pas communiqué à l’assemblée les éléments du dossierpour lequel vous sollicitiez son assentiment ; la présentation que vous en avez faite dénaturait les propositions des groupes de travail et énonçait aupassage quelques contre-vérités flagrantes. L’ensemble de la communautésera désormais attentive à ne pas se trouver ainsi instrumentalisée.Malheureusement, ces derniers incidents font suite à une séried’épisodes dans lesquels vous avez retenu l’information : par exemple, le projet d’établissement a été diffusé trop tard pour qu’il y aitconcertation ; vous refusez de communiquer le rapport de l’Inspection Générale des Finances et de l’Inspection Générale de l’Administration del’Education Nationale auquel, par ailleurs, vous vous référez souvent pour justifier vos décisions.
En outre, certaines interventions discrétionnaires dansles choix des commissions de spécialistes ou dans leur fonctionnement, dans l’implantation sans concertation de nouvelles équipes de recherche,dans le détail de la politique scientifique internationale des départements, dans la politique éditoriale de l’Ecole, la gestion incohérente etopaque d’événements a priori moins lourds de conséquences commel’affectation de locaux, l’organisation d’une exposition, le baptême d’une salle,sont autant d’exemples d’une pratique de direction que nous préférerions différente pour pouvoir soutenir plus activement votre politique.Pourquoi ne pas respecter — non seulement à la lettre mais sur le fond— le fonctionnement normal des instances de concertation instituées(Conseil scientifique, Conseil d’administration, Commission des études, etc.),de celles que l’Ecole s’est données par souci d’efficacité et detransparence (Conseil des Sages de la Bibliothèque, Conseil des Editions rue d’Ulm, Conseils de départements, Conseils scientifiques de département), et de celles dont toute institution universitaire se dote pour résoudre des problèmes particuliers (concours, diplômes, masters, Ecole doctorale, etc.)? Pourquoi ne pas utiliser leur compétence et leur dévouement, au lieu de manipuler leurs réunions pour éviter qu’elles soient enmesure de réellement mener une réflexion informée et constructive ? Au lieu decela, les consultations préalables, lorsqu’elles existent, se réduisent àdes entretiens en tête à tête, sans prévenir l’interlocuteur dessujets discutés (ce qui est au moins discourtois et contreproductif), et sans témoin, pas même le Directeur adjoint, en particulier lorsque lessujets abordés sont de son ressort selon les textes en vigueur. Pour rétablirla concertation et un vrai dialogue, il serait au moins nécessaire de réactiver de vraies réunions, par exemple mensuelles, rassemblant les responsables de services ou de départements, autour d’un ordre du jour précis et avec relevé de conclusions.Il nous est de plus en plus difficile de travailler sereinement dans les conditions actuelles, et de concilier le désenchantement et les doutessur la politique et le fonctionnement de l’Ecole qui ont gagné, nonseulement les signataires de cette lettre, mais l’ensemble des enseignants et de plus en plus d’élèves, avec les responsabilités élargies que vousavez bien voulu confier aux directeurs de département. Les grandes évolutions auxquelles nous sommes appelés à prendre part dans les structures, le fonctionnement, la vocation même de l’Ecole ne peuvent se réaliserque dans un climat de confiance mutuelle qui est très loin du désarroi qui règne actuellement. Nous sommes tout prêts à vous seconder, àaccepter les tâches plus lourdes qu’entraînent pour nous et pour les directeursdes études les réformes en cours, diplômes, accroissement du nombre des étudiants, co-habilitations, attribution décentralisée auxdépartements d’une partie de la gestion, des formalités administratives, durecrutement des étudiants … Nous sommes convaincus que notre travail sert le biende l’Ecole et de ses élèves et étudiants, et nous souhaitons vraiment collaborer avec la direction. Mais il s’avère de plus en plus difficilede le faire si nous avons l’impression que par ailleurs on ne nous juge dignes ni d’être réellement consultés sur les grandes décisionsqui engagent l’avenir de l’Ecole ni même d’en être informés —sinon a posteriori, partiellement et de façon souvent inexacte. Nous ne sommespas seulement, ni d’abord, des administrateurs et des exécutants, mais des enseignants-chercheurs et vos collègues, et nous nous permettons depenser que notre avis, et celui de nos collègues, sur l’avenir de l’Ecole etsur les choix qu’il dicte au jour le jour, peut avoir quelque prix.Nous vous demandons donc instamment — et, à nouveau, avec toute laréserve que nous estimons propre à nos fonctions de directeurs mais aussi avec la fermeté qui s’y attache — de bien vouloir désormais tenir compte denos avis et de ceux de nos collègues.
Nous n’ignorons pas que la situation financière de l’Ecole estdifficile et que l’actuelle Direction est parvenue à obtenir des aides exceptionnelles pour contribuer à son redressement. Nous regrettons d’autant plus de voir, en cette période, l’Ecole perdre de son unité. Rarement les enseignants et les chercheurs de l’Ecole ont eu aussi peu le sentiment de participer à la vie de l’institution. Rarement le découragement dans les services et les départements a été aussigrand : chacun, à son niveau, a le sentiment que ses efforts au service de l’institution à laquelle il a l’honneur d’appartenir s’avèrentvains et que son expérience et sa compétence sont méprisées.C’est conscients de l’autorité et du prestige attachés à votrefonction que nous vous adressons ce courrier, par lequel nous entendons continuer à participer à la vie et au rayonnement de notre Ecole qui, en somme, n’a pas si mal fonctionné depuis plusieurs générations.
Veuillez croire, madame la Directrice, à l’expression de notre haute considération,
Les directeurs des départements littéraires :
Jean-Loup Bourget (Histoire et théorie des Arts)
Jean-Louis Halpérin (Sciences sociales)
Claude Kergomard (Géographie)
Laure Léveillé (Bibliothèques littéraires)
François Menant (Histoire)
Michel Murat (LILA)
Elisabeth Pacherie (DEC)
Jean-Paul Thuillier (Sciences de l'Antiquité)
Francis Wolff (Philosophie)
Copie à :
Les directeurs adjoints et les directeurs des études Lettres et Sciences
Les présidents et les élus enseignants du CA et du CS
Les directeurs des départements scientifiques
En tant que directeurs des départements littéraires, il nous semble nécessaire de nous exprimer collectivement sur le malaise profond que nous ressentons depuis plusieurs mois et en particulier sur le trouble qui agite la communauté normalienne depuis le Conseil d’administration du16 octobre et la réunion du 26 octobre au ministère sur le concoursd’entrée.
L’accent que vous avez souhaité mettre sur le rôle du directeur de département, et qui témoigne de la confiance que vous placez en nous,nous honore, mais ne nous permet pas de rester silencieux dans ces circonstances : avec toute la réserve qu’impliquent nos fonctions, nous souhaitons manifester notre préoccupation devant certaines de vos pratiques de gouvernement, et devant l’insuffisance de toute concertation préalable sur les questions qui affectent la vie de notre Ecole et son image à l’extérieur.
Les derniers faits auxquels nous nous référons sont :
- Le vote par le Conseil d’Administration des tarifs de bibliothèque acquis à une voix de majorité et que, selon votre propre expression, vous avez « emporté à la hussarde », formule belliqueuse qui convientbien peu aux rapports entre universitaires et entre camarades normaliens : sommes-nous donc des ennemis ? A l’assemblée des enseignants littéraires du lundi 30 octobre, vous avez expliqué ce vote précipité parl’incapacité du président du CA à respecter l’horaire, mais vous n’avez pasajouté que le projet de texte n’avait été communiqué aux membres du conseil qu’en début de séance, en contravention avec les règles en vigueur. Or cetexte est fort éloigné des dispositions auxquelles était parvenu en maidernier le groupe de travail animé par la directrice des bibliothèques et composé de membres élus du CA et de bibliothécaires. Les tarifs sont considérablement majorés ; s’il vous était apparu nécessaire de les modifier en fonction d’arbitrages budgétaires, il était d’autant plus important d’effectuer ce travail en collaboration avec l’ensemble des personnes qui avaient préparé ces dispositions. Par ailleurs, vous aviez été mise en garde contre les réactions extrêmement vives que nemanquerait pas de susciter de la part de tous les lecteurs une mesure aussi mal préparée et adoptée dans des conditions aussi précaires. Nous nous permettons de vous rappeler que vous avez vous-même proclamé naguèreque « les Conseils ne devaient pas être de simples chambres d’enregistrement».
- Le vote par le même CA des modalités d’application du diplôme avait certes été préparé par un dialogue épistolaire fourni des enseignants littéraires à l’initiative de Jean Hare, directeur des études scientifiques. Cette démarche, exemplaire par le souci d’explication et la volonté de concertation, avait permis de dégager un consensus sur un ensemble de points importants ; il n’en a été nullement tenu compte dans le texte soumis au vote du CA, pas même sous la forme d’amendements. Les directeurs de départements et des études vont devoir appliquer des mesures avec lesquelles ils sont en profond désaccord, sans même avoir la consolation de se dire qu’elles ont été finalement décidées après un examen réel et équitable de leurs positions. A quoi bon alors avoirpris à cœur d’exprimer nos préoccupations et de chercher des aménagementsaux modalités d’application du diplôme ? Quant à l’obligation imposée aux élèves de s’inscrire au diplôme — avec un volet financier auquelleurs représentants sont particulièrement sensibles, et sur lequel ils n’ont obtenu aucune satisfaction — elle contredit formellement les engagements pris par le passé ; les élèves se sentent floués dans cetteaffaire, et on ne peut pas leur donner tort.
- Le désaveu inattendu et brutal, le 26 octobre, devant un membre du cabinet du ministre et devant nos collègues de l’ENS LSH, des groupesde travail pourtant expressément mandatés par la direction de l’Ecole :ils étaient chargés de négocier des banques d’épreuves communes auconcours AL, comme il en existe au concours BL, afin de favoriser une diversification des débouchés des classes préparatoires littéraireset de parvenir enfin à une « hypokhâgne indifférenciée », crucialepour l’avenir de notre Ecole et vivement souhaitée par l’ensemble des parties concernées. Votre position publique, visiblement peu instruite de la complexité du dossier, a dangereusement compromis ces négociations commencées de longue date et sur le point d’aboutir.
- La convocation d’urgence d’une réunion à l’Ecole, le 30octobre, sans ordre du jour, au cours de laquelle ont été mis en cause publiquementet sans préavis deux de nos collègues, Gilles Pécout et Francis Wolff, respectivement membres des groupes d’histoire et de philosophie : vous n’avez pas communiqué à l’assemblée les éléments du dossierpour lequel vous sollicitiez son assentiment ; la présentation que vous en avez faite dénaturait les propositions des groupes de travail et énonçait aupassage quelques contre-vérités flagrantes. L’ensemble de la communautésera désormais attentive à ne pas se trouver ainsi instrumentalisée.Malheureusement, ces derniers incidents font suite à une séried’épisodes dans lesquels vous avez retenu l’information : par exemple, le projet d’établissement a été diffusé trop tard pour qu’il y aitconcertation ; vous refusez de communiquer le rapport de l’Inspection Générale des Finances et de l’Inspection Générale de l’Administration del’Education Nationale auquel, par ailleurs, vous vous référez souvent pour justifier vos décisions.
En outre, certaines interventions discrétionnaires dansles choix des commissions de spécialistes ou dans leur fonctionnement, dans l’implantation sans concertation de nouvelles équipes de recherche,dans le détail de la politique scientifique internationale des départements, dans la politique éditoriale de l’Ecole, la gestion incohérente etopaque d’événements a priori moins lourds de conséquences commel’affectation de locaux, l’organisation d’une exposition, le baptême d’une salle,sont autant d’exemples d’une pratique de direction que nous préférerions différente pour pouvoir soutenir plus activement votre politique.Pourquoi ne pas respecter — non seulement à la lettre mais sur le fond— le fonctionnement normal des instances de concertation instituées(Conseil scientifique, Conseil d’administration, Commission des études, etc.),de celles que l’Ecole s’est données par souci d’efficacité et detransparence (Conseil des Sages de la Bibliothèque, Conseil des Editions rue d’Ulm, Conseils de départements, Conseils scientifiques de département), et de celles dont toute institution universitaire se dote pour résoudre des problèmes particuliers (concours, diplômes, masters, Ecole doctorale, etc.)? Pourquoi ne pas utiliser leur compétence et leur dévouement, au lieu de manipuler leurs réunions pour éviter qu’elles soient enmesure de réellement mener une réflexion informée et constructive ? Au lieu decela, les consultations préalables, lorsqu’elles existent, se réduisent àdes entretiens en tête à tête, sans prévenir l’interlocuteur dessujets discutés (ce qui est au moins discourtois et contreproductif), et sans témoin, pas même le Directeur adjoint, en particulier lorsque lessujets abordés sont de son ressort selon les textes en vigueur. Pour rétablirla concertation et un vrai dialogue, il serait au moins nécessaire de réactiver de vraies réunions, par exemple mensuelles, rassemblant les responsables de services ou de départements, autour d’un ordre du jour précis et avec relevé de conclusions.Il nous est de plus en plus difficile de travailler sereinement dans les conditions actuelles, et de concilier le désenchantement et les doutessur la politique et le fonctionnement de l’Ecole qui ont gagné, nonseulement les signataires de cette lettre, mais l’ensemble des enseignants et de plus en plus d’élèves, avec les responsabilités élargies que vousavez bien voulu confier aux directeurs de département. Les grandes évolutions auxquelles nous sommes appelés à prendre part dans les structures, le fonctionnement, la vocation même de l’Ecole ne peuvent se réaliserque dans un climat de confiance mutuelle qui est très loin du désarroi qui règne actuellement. Nous sommes tout prêts à vous seconder, àaccepter les tâches plus lourdes qu’entraînent pour nous et pour les directeursdes études les réformes en cours, diplômes, accroissement du nombre des étudiants, co-habilitations, attribution décentralisée auxdépartements d’une partie de la gestion, des formalités administratives, durecrutement des étudiants … Nous sommes convaincus que notre travail sert le biende l’Ecole et de ses élèves et étudiants, et nous souhaitons vraiment collaborer avec la direction. Mais il s’avère de plus en plus difficilede le faire si nous avons l’impression que par ailleurs on ne nous juge dignes ni d’être réellement consultés sur les grandes décisionsqui engagent l’avenir de l’Ecole ni même d’en être informés —sinon a posteriori, partiellement et de façon souvent inexacte. Nous ne sommespas seulement, ni d’abord, des administrateurs et des exécutants, mais des enseignants-chercheurs et vos collègues, et nous nous permettons depenser que notre avis, et celui de nos collègues, sur l’avenir de l’Ecole etsur les choix qu’il dicte au jour le jour, peut avoir quelque prix.Nous vous demandons donc instamment — et, à nouveau, avec toute laréserve que nous estimons propre à nos fonctions de directeurs mais aussi avec la fermeté qui s’y attache — de bien vouloir désormais tenir compte denos avis et de ceux de nos collègues.
Nous n’ignorons pas que la situation financière de l’Ecole estdifficile et que l’actuelle Direction est parvenue à obtenir des aides exceptionnelles pour contribuer à son redressement. Nous regrettons d’autant plus de voir, en cette période, l’Ecole perdre de son unité. Rarement les enseignants et les chercheurs de l’Ecole ont eu aussi peu le sentiment de participer à la vie de l’institution. Rarement le découragement dans les services et les départements a été aussigrand : chacun, à son niveau, a le sentiment que ses efforts au service de l’institution à laquelle il a l’honneur d’appartenir s’avèrentvains et que son expérience et sa compétence sont méprisées.C’est conscients de l’autorité et du prestige attachés à votrefonction que nous vous adressons ce courrier, par lequel nous entendons continuer à participer à la vie et au rayonnement de notre Ecole qui, en somme, n’a pas si mal fonctionné depuis plusieurs générations.
Veuillez croire, madame la Directrice, à l’expression de notre haute considération,
Les directeurs des départements littéraires :
Jean-Loup Bourget (Histoire et théorie des Arts)
Jean-Louis Halpérin (Sciences sociales)
Claude Kergomard (Géographie)
Laure Léveillé (Bibliothèques littéraires)
François Menant (Histoire)
Michel Murat (LILA)
Elisabeth Pacherie (DEC)
Jean-Paul Thuillier (Sciences de l'Antiquité)
Francis Wolff (Philosophie)
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Les directeurs adjoints et les directeurs des études Lettres et Sciences
Les présidents et les élus enseignants du CA et du CS
Les directeurs des départements scientifiques